[DIGITAL Business Africa] – S’il y a une expression pour qualifier le Sommet international Union africaine de Radiodiffusion/unesco tenu au Cameroun, ce serait bien « vous m’en direz des nouvelles ». il sera difficile de faire mieux que ces experts de l’ IA et professionnels des médias qui ont édifié ces quelque 800 participants venus de cinquante pays sur la question de la technologie de l’intelligence artificielle en lien avec le travail des journalistes. Parmi ces personnalités rompues à la tâche ce 06 mars 2024 au Palais des Congrès de Yaoundé, un visage connu du groupe France média monde. Le rédacteur en chef de France 24, Vincent Roux. Il a eu la délicate charge d’animer une masterclass axée sur le thème : « Journalistes et IA. Quelles opportunités et risques ? »
25 minutes. C’est le temps à lui imparti pour faire savoir à l’assistance que l’intelligence artificielle n’est pas l’ennemi des journalistes. Mais que ceux-ci doivent avoir conscience que cette nouvelle technologie est un appoint pour l’exercice de la fonction de journaliste. Vincent Roux trouve trois opportunités à la technologie. Notamment, l’ IA pour rechercher et vérifier l’IA, l’ IA pour mettre en forme l’Info et l’IA pour diffuser l’info. Le Rédacteur en chef de France 24 a tenu à préciser que l’ Intelligence artificielle n’est pas un moteur de recherche. Cependant, elle sert à la compréhension du sujet, surtout si vous lui fournissez un corpus sur lequel elle va travailler. De manière simplifiée, l’IA et dans le Data journalisme peut ressortir les informations intéressantes dans une masse de données.
« On parle vraiment d’aide à la rédaction. Pour moi l’ IA ne remplacera jamais les journalistes dans la rédaction. C’est mon souhait. Elle aide à collecter les informations, à la mettre en forme quoiqu’il en soit, c’est vous les journalistes maîtres de cet outil et qui en êtes responsables. En aucun cas, ce ne sera jamais l’IA qui sera responsable s’il y a des conneries dans votre article. Et si vous êtes convoqué devant les tribunaux, c’est bien vous qui allez répondre de vos actes et votre directeur de la publication. La responsabilité reste au cœur du travail du journaliste… », a-t-il dit.
Au sujet du fact-cheking, l’intelligence artificielle joue un rôle prépondérant. A preuve que certains supports médiatiques tels que France 24 et RFI ont mis en place un outil pour vérifier les chiffres donnés dans le discours politique. On a aussi des outils gratuits de vérification d’images ou vidéos comme InVID. Un logiciel visant à aider les journalistes à vérifier la véracité des images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux. On peut en citer d’autres- dont, TinEye, Google Reverse Image Search, Photo Sherlock et Fake Image Detector. Par ailleurs, l’ IA permet aussi d’analyser des sentiments sur les commentaires Facebook. Ceci en donnant une note à chacun des commentaires, des plus positifs aux négatifs.
Derrière ces points positifs de l’ IA se cachent des risques et menaces qui se traduisent par la désinformation et la mésinformation.
Risques de l’ IA dans la collecte de l’information
Vincent Roux révèle que 13 sites d’actualité non fiables ont été générés par l’ IA. Les sites en question copient intégralement le contenu des articles sur les sites de rfi.fr et france 24.fr à d’autres fins. France média monde, d’après Vincent Roux, s’en serait remis à son conseil juridique pour stopper les auteurs de cette pratique.
France 24 a payé les frais de la mauvaise exploitation de l’IA. La chaîne de télévision française a été victime d’un piratage « Deepfake » au sujet d’une pseudo annulation de la visite du président français, S.E Emmanuel Macron en Russie, début février 2024. Selon le site spécialisé wipo.int, le terme « deepfake » fait référence à une technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle. Elle consiste notamment à superposer des traits humains sur le corps d’une autre personne, ou à manipuler les sons, pour générer une expérience humaine réaliste ».
Face à ces risques qui donnent des frissons, les organisations membres de l’Union africain de Radiodiffusion (UAR), professionnels des médias ont proposé des solutions consignées dans cette Déclaration du sommet de Yaoundé sur l’intelligence artificielle. Son point 06 stipule que « L’intelligence artificielle être un outil de développement intégral de l’être humain et à ce titre, les médias africains réclament une pleine participation de leurs ressources humaines, la prise en compte des données de leurs terroirs et des préoccupations de leurs publics en terme de qualités morales ».
Le Sommet international Union africaine de Radiodiffusion/unesco s’est tenu du 04 au 06 mars 2024 au Palais des Congrès de Yaoundé. L’Organisation mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et l’Union Internationale des Télécommunications (IUT),ont suivi de très prés les travaux coordonnés par le Camerounais Grégoire Ndjaka, directeur général de l’UAR.
Par Jean Materne Zambo