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[Digital Business Africa] – L’image choisie est saisissante. Pour donner une photographie du retard de l’Afrique en matière d’industrialisation, le Président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, a, pris l’exemple pas reluisant de son de son pays.
« Savez-vous que dans mon pays le Niger, qui a un des plus grands cheptels en Afrique, nous importons du lait de France et de Hollande ? Que nos voisins immédiats, importent de la viande d’Argentine et de Nouvelle Zélande ? Ces faits, aussi étonnants soient-ils, sont un faux paradoxe. Cette économie, qui par le principe des vases communicants, génère la valeur ajoutée loin de l’Afrique, génère peu d’emplois locaux, et nuit à la production locale, donc à l’industrialisation de nos Pays », déclare le président du Niger.
C’était lors de son discours d’ouverture de la conférence des chefs d’État africains du Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation et la diversification économique qui s’est tenue à Niamey du 20 au 25 novembre 2022 sous le thème : « Industrialiser l’Afrique : Renouveler les engagements en faveur d’une industrialisation et d’une diversification économique inclusives et durables ».
L’Afrique exporte de la matière première incorporant peu de valeur ajoutée tandis qu’elle importe des produits manufacturés à forte valeur ajoutée, rappelle Mohamed Bazoum. Convoquant les statistiques, le président affirme que la part de l’Afrique dans le commerce mondial est de 4% et le commerce entre pays africains représente 17% de leur commerce global. La raison est toute trouvée : le faible niveau d’industrialisation de l’Afrique.
« Agir au lieu de subir »
Une situation qui, selon Mohamed Bazoum, doit vite changer. La solution peut se situer dans le domaine des TIC et des Télécoms. « Le système nerveux de notre continent doit être basé sur les télécommunications, qui avec les technologies de l’information, vont générer des emplois hautement qualifiés et sont de véritables amplificateurs d’industrialisation et de valeur ajoutée. La résultante des progrès et avancées en physique, en sciences et technologies de l’information, en biosciences et en mathématiques fait que nous assistons à un basculement du monde vers le tout digital qui se fait à la vitesse vertigineuse dictée par la loi de Moore », affirme le président nigérian.
Pour Mohamed Bazoum, dans le domaine des sciences et des technologies de l’information, nous pouvons faire en Afrique un pas de géant et rejoindre les acteurs internationaux en profitant de l’aubaine de la grande bascule digitale en cours. « Il faut le faire à temps, sinon nous allons subir au lieu d’agir », prévient-il.
Au-delà de la valeur économique et industrielle et son impact profond sur tous les aspects de notre vie, notamment la santé, le président nigérian pense que la révolution digitale génère une nouvelle matière première stratégique : les données, les données de qualité, les métadonnées, et les « data sciences.
« Industrialiser la formation»
Et pour y arriver, l’on doit passer par la case formation. « Pour faire face aux besoins en ressources humaines de notre socle industriel évoqué plutôt, il nous faut continuer nos efforts et investir industriellement dans l’éducation de base, la formation professionnelle, l’enseignement universitaire et la recherche en utilisant les TIC comme catalyseur et amplificateur. Nous devons couvrir de manière cohérente le spectre des sciences et des métiers et les différents niveaux de maîtrise de manière à permettre au plus grand nombre de toujours pouvoir s’adapter aux évolutions rapides des métiers. Il faut industrialiser la formation», propose Mohamed Bazoum.
Et le président ne manque pas non plus d’inviter ses pairs à être ambitieux. « Investissons donc dans l’éducation, en particulier dans les Mathématiques à l’instar des Instituts Indiens de Technologie… ». Parole du président.
Par B-O.D, à Niamey. Digital Business Africa
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