[DIGITAL Business Africa] – Un autre ressemble d’envergure pour trouver les armes de lutte contre la désinformation. Après le Forum media et développement de Paris (du 11 au 13 juillet 2023), c’est à l’ Afrique d’organiser une réflexion autour de la même problématique. Le Sommet Africa Check de Maurice se tient du 05 au 06 octobre 2023. Y participent, des organisations de fact-checking et des experts de toutes les régions d’ Afrique. Le sommet vise à présenter les dernières tendances, recherches et approches pratiques pour lutter contre la diffusion de fausses informations. Parmi ces approches, le dessin. Les dessinateurs Lassane Zohoré (Côte d’Ivoire), DEBATunisie (Tunisie) et Celeste Wamiru (Kenya) sont sur place pour apporter leur contribution.
Il faut dire que la pratique du dessin n’est pas nouvelle dans le métier de Fact-checking. Le 03 mai 2021, lors de la journée mondiale de la liberté de la presse, le dessinateur cubain de Cienfuegos, Morales Madrigal, alias Miguel, s’était déjà illustré. Miguel est membre de Cartoon movement. Un réseau international de dessinateurs engagés à promouvoir, par l’universalité du dessin de presse, la liberté d’expression, les droits de l’Homme et le respect mutuel entre des populations de différentes cultures ou croyances.
La désinformation, l’enjeu commun entre l’U.E et l’Afrique.
Anne-Thida Norodom, Pr. De Droit public à l’ Université Paris Cité, était invitée de « Paris direct » sur France 24, ce 06 octobre 2023, pour commenter la portée duSommet qui se tient à Maurice. Elle a rappelé que le continent africain mise sur des instruments africains pour encadrer les enjeux du numérique plus précisément ceux de la désinformation. Elle a cité la Cédéao et d’autres instruments au sein de l’Union africaine. C’est le cas de la Commission de l’Union africaine pour les Droits de l’Hommes et des Peuples, qui a en 2019, adopté un instrument juridique sur la liberté d’expression ou l’accès à l’information. Liberté d’expression oui, mais attention ! Anne-Thida Norodom voit aussi au numérique, un vecteur de déstabilisation .
« Le numérique est toujours un aspect positif. C’est un outil de développement de l’Etat, des services publics. Ça peut être un instrument de lutte contre la corruption, un outil d’accès à l’information. A l’inverse, le numérique peut être un outil capable de déstabiliser la démocratie, en même temps que ça peut aussi la renforcer. Etant un outil de désinformation des acteurs publics comme des acteurs privés, le numérique peut aussi être un outil de contrôle de l’Etat, qui va bloquer l’accès à internet pour sa population dès qu’il y a un risque de déstabilisation, de conflit dans le contexte élecoral. Il y a beaucoup d’exemple sur le continent africain. Même c’est un phénomène qui peut toucher aussi largement que le continent africain », a-t-elle dit.
Infrastures pour favoriser l’accès à internet en Afrique
Selon Anne-Thida Norodom, Pr. de Droit public à l’ Université Paris Cité, la mise en place des infrastructures pour favoriser l’accès des populations à internet est plus que imperative. Elle estime que la chance du continent africain est de profiter des législations ou des règlementations qui existent dans d’autres continents pour s’inspirer des modèles et faire mieux que ce qui a été fait dans d’autres Etats.
« Je pense par exemple au développement du numérique mais en intégrant la question environnementale. Ce que nous n’avons pas forcément fait…L’utilisation du spatial peut être un moyen pour améliorer la couverture du numérique et l’accès à internet sur l’ensemble du continent africain ». Le taux de pénétration de l’internet sur le continent africain est, d’après elle, le plus bas au monde, soit 40 % environ, très en dessous des 90% en Amérique du Nord.
L’autre enjeu sur en dehors de la couverture de l’Internet, est la cybersécurité. Le Pr. Anne-Thida Norodom estime qu’il faut instaurer une culture mondiale de la cybersécurité pour renforcer le système dans le continent africain et permettre à l’ensemble du système (cybersécurité) d’être beaucoup plus résilient.
« On a tous intérêt que cet élément soit renforcé. On remarque quand même qu’il y a des enjeux qui sont intéressants sur le continent africain, qui sont à assez sembles à l’Union européenne. Puisque tout comme l’Union europénne, l’Afrque se situe entre d’un côté les Etats unis et la Chine et cherche à affirmer son d’une part son autonomie, par exemple vis-à-vis des Gafam, mais aussi des valeurs communes sur le multilatéralisme, la nécessité d’avoir des négociations qui incluent tous les Etats et pas seulement les grosses puissances du numérique. La question de la désinformation étant l’enjeu commun entre l’Union européenne et l’Afrique », a-t-elle conclu.
Les travaux se déroulent en présentiel mais également en ligne. Le lien pour suivre en direct le Sommet Africa Check de Maurice est le suivant : https://www.cartooningforpeace.org
Par Jean Materne Zambo