[DIGITAL Business Africa] – Le Rapport sur l’économie numérique 2024 vient d’être présenté par l’Onu Commerce et développement (CNUCED), ce 10 juillet 2024. Il présente les méfaits de la croissance rapide de l’économie numérique sur l’environnement. Selon le rapport, le nombre de smartphones a doublé depuis 2010; les appareils de l’internet des objets (IdO) devraient atteindre 39 000 milliards d’ici à 2029. Lesquels appareils numériques nécessitent d’importantes matières premières,  et leur production serait même à l’origine de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuées aux smartphones. Ce n’est pas tout.

Les déchets numériques augmentent plus rapidement que les taux de collecte, ce qui entraîne une pollution. L’on note également que le secteur des TIC a émis jusqu’à 3,2 % des émissions mondiales de GES en 202077.  En conclusion, les déchets numériques ont augmenté de 30 % entre 2010 et 2022, atteignant 10,5 millions de tonnes à l’échelle mondiale. Et leur gestion reste insuffisante. Ce qui préoccupe Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Commission des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).

« Notre principale préoccupation concerne les conséquences de cette évolution sur notre environnement et sur les pays en développement ». Les pays en développement, comme vous le savez, souffrent de manière disproportionnée des conséquences du changement climatique. Pourtant, ils ne sont pas en première ligne pour profiter des bénéfices de l’économie numérique mondiale. Cette disparité peut et doit être inversée. Soyons clairs : la numérisation est un moteur bienvenu et nécessaire de la croissance économique mondiale. Cependant, elle doit être inclusive et durable, car la numérisation rapide exacerbe les préoccupations environnementales », a-t-elle dit.

 

L’économie numérique et la consommation d’eau

 

Selon Rebeca Grynspan, SG de CNUCED, les émissions de l’économie numérique ont représenté 1,5 à 3,2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en 2020. En 2022, les centres de données ont consommé 460 térawattheures d’électricité. D’après elle, cela pourrait alimenter environ 42 millions de foyers américains pendant un an. La SG de CNUCED indique que ce chiffre devrait doubler d’ici 2026.

L’augmentation de la consommation d’énergie est également liée à l’essor des nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle et le minage de cryptomonnaies.

« Par exemple, la consommation d’énergie du minage de Bitcoins a été multipliée par 34 entre 2015 et 2023, pour atteindre environ 121 térawattheures. À titre de comparaison, des pays comme la Belgique ou la Finlande consomment moins de 90 TWh par an », a-t-elle expliqué.

Rebeca Grynspan, SG de CNUCED, prévoit également une augmentation de 500 % de la demande en minéraux essentiels à la numérisation d’ici 2050. Elle serait tirée par l’électronique grand public, les batteries de véhicules électriques et le stockage des énergies renouvelables.

 

Résoudre l’équation 

 

L’ONU préconise un certain nombre de recommandations pour sortir de l’auberge. Toutes les parties prenantes doivent être mises à contribution. Les pouvoirs publics, les opérateurs et les consommateurs. Rebeca Grynspan prescrit :

• La consommation d’eau par les centres de données a récemment suscité des tensions au sein des communautés locales dans certains pays. Par exemple, Google a prévu de construire un centre de données en Uruguay, ce qui a donné lieu à un débat public. En 2023, le pays a connu la pire sécheresse depuis 74 ans, et plus de la moitié de ses 3,5 millions d’habitants n’ont pas eu accès à l’eau potable.

• La formation de Microsoft sur GPT-3 dans ses centres de données aux États-Unis a consommé directement environ 700 000 litres d’eau douce propre.

• Adopter une économie circulaire en donnant la priorité au recyclage, à la réutilisation et à la récupération des matériaux numériques et en mettant en œuvre des stratégies d’optimisation des ressources.

• Des réglementations environnementales plus strictes et à des investissements dans les énergies renouvelables pour atténuer l’empreinte écologique des technologies numériques.

• Une coopération internationale plus étroite est essentielle pour garantir un accès équitable aux technologies numériques et répondre au caractère mondial des déchets numériques et de l’extraction des ressources.

Par Jean Materne Zambo, source : Rapport sur l’économie numérique 2024 (CNUCED)