[DIGITAL Business Africa] – Un réseau de prêts en ligne, encore appelé prêts usuraires, doit répondre de ses actes devant la justice. La Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité dit avoir transféré les auteurs de ces cybercrimes.
Parmi eux, un Asiatique. Même si sa nationalité n’a pas été révélée, certains internautes ivoiriens sont convaincus qu’il s’agit d’un Chinois. Ils seraient même le cerveau des opérations, compte tenu du mode opératoire des cybercriminels, qui selon eux est souvent bien ficelé.
Ibrahima Blé : « Je savais qu’un asiatique était derrière ceux là. En tout cas, je n’ai jamais aimé leur manière de procéder ».
Pénya Koné : « Ces gens-là, quand il y a du faux quelque part, il y a forcément un dans le groupe ».
Des impressions qui ne sont pas une réalité. Mais la position sur la photo (au centre de ses acolytes) semble leur donner raison.
Mode opératoire
Le réseau est constitué de plusieurs équipes, chacune se voyant attribuer un rôle précis. La première équipe se charge de promouvoir des services sur les réseaux sociaux, vantant des prêts sans engagement, à taux d’intérêt très bas et avec des conditions de remboursement flexibles. Cette approche séduit ainsi de nombreux emprunteurs, attirés par la simplicité d’un prêt sans lourdeurs administratives. Une autre équipe assiste les clients potentiels dans le remplissage du formulaire après le téléchargement de l’application, et une fois le formulaire complété, les fonds sont transférés directement au client par Mobile Money.
Peu de temps après la contraction du prêt, les agents de recouvrement commencent à passer des appels incessants aux clients pour réclamer le remboursement. Ceux qui ne parviennent pas à rembourser dans les délais subissent des hausses de taux d’intérêt quotidiennes. Les prêteurs harcèlent tellement les emprunteurs que certains se retrouvent à rembourser le double, voire le triple du montant initial. Pour ceux qui tentent de résister, une équipe accède à leurs répertoires téléphoniques via une interface, harcelant et menaçant leurs proches pour exercer une pression supplémentaire en vue d’obtenir un remboursement. Ces internautes en ont été victimes. Ils témoignent.
Ketia Tape : « Ils appellent tout le monde dans ton répertoire. Ils prétendent que tu es recherché pour abus de confiance ».
Nakulma Judicaël Bo : « Ils m’ont déjà fait ça, et ils ont accès à ton téléphone, à tous les numéros que tu utilises. Ils les contactent pour leur dire que tu as pris un crédit »
Les sanctions
Selon la PLCC, les prêts en ligne sont connus pour leurs taux d’intérêt abusifs, se caractérisent par des conditions financières particulièrement dévastatrices. Des pratiques illégales et immorales. Tant elles sont mises à l’index par la loi ivoirienne. La loi portant répression de l’usure de la commission des Affaires générales et institutions de l’UEMOA, en son article 7, stipule :
« Sera puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 100.000 Fcfa à 5.000.000 Fcfa ou de l’une de ces peines seulement, quiconque aura consenti à autrui un prêt usuraire ou apporté sciemment, à quelque titre et de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, son concours à l’obtention ou à l’octroi d’un prêt usuraire… En cas de récidive, le maximum de la peine sera porté à cinq ans d’emprisonnement et à 15.000.000 de Fcfa d’amende ».
La Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC) a été alertée par 492 plaintes relatives aux pratiques de prêts usuraires en ligne. Ses investigations avec la collaboration du Laboratoire de Criminalistique numérique (LCN) ont permis d’identifier les différentes plateformes numériques utilisées par le réseau. Il s’agit d’ OZZYMONEY, CASHARROW, CRÉDIT CORNET, JUJUMONEY, BOMPRÊT, NANACRÉD, OCEAN, et MUMUARGENT.
Par Jean Materne Zambo, source : PLCC