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[Digital Business Africa] – Le Forum sur la Gouvernance Internet en Afrique Centrale s’est ouvert hier 30 août 2023 au Palais des Congrès de Yaoundé sous le thème “Inclusion numérique et connectivité des Pays de l’Afrique Centrale pour quelle gouvernance de l’internet ?”.
Un forum organisé par le Ministère des Postes et Télécommunications en collaboration avec le FGI-Cameroun et le FGI-Afrique centrale.
Digital Business Africa vous propose le discours documenté de la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng à l’ouverture de ce forum.
“Messieurs les Ministres
Monsieur le Représentant de la CEA
Monsieur le Représentant de l’IUT
Monsieur le Président de l’ARTAC
Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des organisations internationales accréditées au Cameroun
Madame la Présidente du MAG AfIGF
Monsieur le Coordonnateur Régional de FGI AC
Distingués participants, en vos rangs et titres respectifs
Mesdames et Messieurs
C’est un insigne honneur pour moi de prendre la parole ce jour, 30 août 2023, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Forum sur la Gouvernance Internet en Afrique Centrale.
Organisé par le Ministère des Postes et Télécommunications en collaboration avec le FGI- Cameroun, et le FGI-Afrique Centrale, ce forum est une plateforme de débats, d’échanges et de réflexion essentielle, pour aborder les défis et les opportunités qui accompagnent l’évolution rapide de la technologie et de l’Internet dans notre région.
Alors que nos sociétés embrassent de plus en plus les avantages de la connectivité numérique, il devient primordial que nous nous réunissions en tant que leaders, experts et parties prenantes pour façonner collectivement la manière dont Internet influence notre avenir.
Aussi permettez-moi avant de poursuivre mon propos, de saluer ici la présence à nos côtés, des membres du Gouvernement.
A tous les experts et invités, ainsi qu’à l’ensemble des personnalités du monde économique et financier, venues du Cameroun et de l’Afrique Centrale, en cette importante circonstance, j’exprime ma profonde gratitude tout en leur souhaitant une chaleureuse bienvenue ainsi qu’un agréable séjour au Cameroun.
Le Ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun est sensible à votre présence à ce forum. Pour nous, elle est la marque insigne de l’intérêt que vous portez au développement de l’économie numérique en Afrique Centrale et au Cameroun.
En effet, le forum qui s’ouvre ce jour et qui se tient jusqu’au 1er septembre 2023 est organisé autour du thème : Inclusion numérique et connectivité des Pays de l’Afrique Centrale pour quelle gouvernance de l’internet ?
Il a pour but de mettre en lumière l’importance cruciale de l’inclusion numérique et de la connectivité dans la promotion d’une gouvernance Internet équilibrée et efficace.
Dans un monde de plus en plus interconnecté, l’accès équitable aux ressources et aux opportunités numériques revêt une signification profonde. C’est pourquoi nous nous réjouissons de voir des participants venant de divers horizons se rassembler pour échanger des idées novatrices et des meilleures pratiques afin de façonner un avenir numérique inclusif.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs
La transformation numérique offre des voies nouvelles pour le développement économique, l’éducation, la santé, et bien d’autres domaines. Force est cependant de reconnaitre qu’elle s’accompagne également de nombreux défis, tels que la protection des données, la cybersécurité et une régulation adéquate des activités en ligne.
Ce forum vise ainsi, à adresser ces défis à travers une approche collaborative, en favorisant le dialogue entre les acteurs gouvernementaux, le secteur privé, la société civile et les experts techniques.
Il faut le dire avec force : le Cameroun et l’ensemble de la région de l’Afrique Centrale aspirent à une gouvernance de l’Internet qui garantisse à la fois la navigation dans un Internet sain, en même temps que la protection de la vie privée des citoyens et la sécurité en ligne.
S’employer à relever ces défis complexes et variés, nécessite une coopération régionale et internationale étroite, ainsi qu’une compréhension mutuelle des enjeux spécifiques auxquels notre région est confrontée.
Distingués invités
Mesdames et messieurs
Créé en 2005 à Tunis par le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), le Forum sur la gouvernance de l’internet (FGI), est une plateforme mondiale de débat sur l’ensemble des politiques publiques relatives à l’Internet.
Il s’agit d’un forum multipartite annuel dans lequel les agences internationales, les gouvernements, les professionnels de l’Internet, les entreprises et les organisations de la société civile peuvent explorer, sur un pied d’égalité, les questions majeures liées à la promotion de l’Internet. Il s’agit notamment du développement de l’Internet et de son interaction, avec d’autres domaines de politique publique, ainsi que de l’application complémentaires dans le cadre de leurs rôles respectifs, de principes, normes, règles, procédures de prise de décisions et activités partagés qui façonnent l’évolution et l’utilisation de l’Internet.
Les discussions et les délibérations au sein de ce forum multipartite constituent donc une plateforme unique où chaque partie prenante peut contribuer à la formulation de politiques et de stratégies, qui favorisent à la fois l’innovation technologique et la protection des droits et de la vie privée des utilisateurs, chacun dans son rôle spécifique.
C’est ainsi que :
- Les agences internationales apportent leur expertise en matière de réglementation transfrontalière, tandis que les gouvernements veillent à créer un cadre juridique propice à un Internet ouvert et équitable.
- Les professionnels de l’Internet, quant à eux, partagent leurs connaissances techniques et leur vision pour façonner les infrastructures et les normes techniques qui sous-tendent le fonctionnement de l’Internet.
- Les entreprises, en tant qu’acteurs clés de l’économie numérique, jouent un rôle crucial dans l’élaboration de pratiques commerciales responsables et durables, tout en stimulant l’innovation au sein de leurs secteurs respectifs.
- Enfin, les organisations de la société civile apportent une perspective citoyenne essentielle, veillant à ce que les droits des utilisateurs finaux soient pris en compte dans les décisions qui façonnent le paysage numérique.
Pour ce qui est de l’Afrique de manière générale, continent en pleine croissance économique et technologique, faisant face à des obstacles spécifiques en matière de gouvernance de l’Internet, les défis dans ce domaine sont particulièrement complexes.
Il s’agit tout d’abord, de l’inégal accès à Internet dans de nombreuses régions africaines. Les disparités économiques et géographiques ont conduit en effet à une fracture numérique, où certaines populations ont un accès facile à Internet et à ses avantages, tandis que d’autres sont exclues de cette opportunité.
La mise en place d’infrastructures de connectivité abordables et fiables constitue donc un défi majeur pour garantir une participation équitable à l’économie numérique mondiale.
Il s’agit ensuite des lacunes en matière de réglementation, lesquelles entraînent des vulnérabilités et des abus potentiels.
La protection des données personnelles et la vie privée deviennent donc des enjeux cruciaux. Avec la numérisation croissante des services et des transactions, il est vital de mettre en place des réglementations et des cadres juridiques solides, pour protéger les données des utilisateurs.
Les questions liées à la cybersécurité sont également préoccupantes. Les cyberattaques et les menaces en ligne en augmentation constante, nécessitent une collaboration étroite entre les gouvernements, les entreprises et les experts en sécurité pour garantir un cyberespace sûr et protégé. Les compétences et la sensibilisation à la cybersécurité doivent à cet effet être renforcées à tous les niveaux de la société.
Enfin, la participation des parties prenantes africaines aux discussions mondiales sur la gouvernance de l’Internet est essentielle. Il est important que les voix et les préoccupations spécifiques de l’Afrique soient entendues dans les forums internationaux, afin de garantir que les politiques et les normes mondiales tiennent compte des réalités du continent.
Distingués invités
Mesdames et messieurs
Aujourd’hui, l’un des aspects les plus cruciaux du développement économique de l’Afrique réside dans sa transition vers une économie numérique, qui permet l’accès à de nouveaux marchés, en favorisant l’efficacité et en stimulant la croissance inclusive. Pour les entreprises africaines, le numérique offre donc de nouvelles opportunités de commerce et de marché. Il permet par ailleurs, une amélioration de la productivité et de l’efficacité dans divers secteurs de l’économie africaine, ce qui contribue à renforcer la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux.
Le développement technologique favorise par ailleurs l’innovation à travers l’entrepreneuriat technologique et la création de start-ups, ce qui stimule la création d’emplois locaux et attire des investissements étrangers.
C’est ainsi qu’au cours de la dernière décennie, l’augmentation de la pénétration d’Internet, l’adoption croissante des smartphones et l’utilisation généralisée des médias sociaux ont propulsé l’Afrique vers une nouvelle ère de développement technologique.
Avec le boom du numérique, l’Afrique a réalisé d’importantes avancées, qui ont eu un impact significatif sur la vie des Africains et le développement économique de la région. Le continent est devenu aujourd’hui, un leader mondial des services bancaires mobiles.
En ce qui concerne les opportunités d’investissement en Afrique, il nous apparaît pertinent de nous ressourcer auprès du Président Paul BIYA qui, dans son discours d’ouverture le 17 mai 2018, à l’occasion de la Conférence Economique Internationale « Investir au Cameroun, terre d’attractivités » disait : (je le cite) « Il est vrai que, progressivement, l’Afrique s’intègre dans la globalisation. L’on pourrait même prévoir que le rôle du continent gagne en importance, au fil des ans, dans l’économie globale.
La forte croissance démographique et l’augmentation de sa classe moyenne créent les conditions d’un marché attrayant, et à la fois, pour la grande consommation et pour la construction d’infrastructures diverses.
La jeunesse et le dynamisme de sa population sont source d’optimisme. Les jeunes africains, notamment, constituent un atout majeur pour le continent. Ils doivent demeurer à l’avant-garde de la technologie, pour assurer à l’Afrique un bon arrimage à une économie dans laquelle l’innovation s’avère, aujourd’hui plus qu’hier, un facteur déterminant de compétitivité.
A cela, il faut ajouter les richesses naturelles nombreuses et variées, mais qui devraient faire l’objet d’une plus grande transformation locale, pour être encore plus bénéfiques à nos économies.
Nul doute que tous ces éléments caractéristiques feront de l’Afrique un partenaire sans cesse convoité, par les pays plus avancés aujourd’hui et à la recherche d’un second souffle pour leurs économies. » (Fin de citation).
En résumé, la transformation numérique de l’Afrique a eu un impact considérable sur les entreprises et les populations, en favorisant la création de nouveaux modèles commerciaux, ainsi que l’accès à de nouveaux marchés et en offrant des solutions innovantes pour répondre aux besoins multiples des citoyens. Aussi l’Afrique est-elle devenue une destination d’investissement de premier plan, attirant l’attention des investisseurs du monde entier.
En ce qui concerne le Cameroun, comme beaucoup d’autres États africains, le pays est également engagé dans la voie de cette transformation numérique.
Il faut dire à ce sujet qu’ici, le développement du digital est d’abord l’objet d’une vision, celle de la Plus Haute Autorité de l’Etat, qui dans la mise en œuvre des différentes politiques de développement de la nation, a toujours su réserver une place particulière à ce secteur.
Lui qui, dans son discours à la Nation le 31 décembre 2018, disait (je cite à nouveau) : « … il est indispensable que nous fassions davantage pour intégrer les progrès du numérique dans le fonctionnement de nos services publics et de notre économie. La société digitale qui s’annonce n’attendra pas les retardataires» (fin de citation).
Le même Chef d’Etat, dans son livre Pour le libéralisme communautaire p.71, disait encore fort opportunément (je le cite une fois encore): « Nous devons nous arrimer à cette évolution et transformer nos modes de production, par l’accroissement du contenu numérique dans les différents secteurs d’activité. Il en est ainsi du e-learning dans l’éducation, de la télémédecine dans la santé, de l’e-administration dans le secteur public, du e-commerce en matière de vente » (fin de citation).
Mais comme partout ailleurs, le développement de l’économie numérique au Cameroun n’est guère exempt de défis. Les infrastructures de télécommunications et les compétences numériques sont encore en cours de développement, ce qui limite l’accès des citoyens aux avantages de cette nouvelle économie. Néanmoins, le potentiel de l’économie numérique et les efforts pour le développement de ce secteur se renforcent au fil des années.
Mesdames et Messieurs
Le gouvernement camerounais s’est inspiré de la vision présidentielle dont je viens de rappeler à grands traits les lignes directrices, pour élaborer une stratégie qui lui permettra de tirer parti de l’économie numérique, dont les principaux objectifs sont de développer l’offre de services numériques, d’accroître la demande et de renforcer la gouvernance et la régulation.
Dans la mise en œuvre de cette stratégie, nous aimerions mentionner plusieurs points clés :
- Le développement des infrastructures numériques, pierre angulaire du développement numérique. L’un des principaux défis ici est de garantir que chacun ait accès aux services de communications électroniques de qualité et à moindre coût dans tout le pays.
- Le développement d’une industrie numérique locale, qui contribuera à la transformation structurelle de l’économie nationale en créant un écosystème propice à l’identification des talents et au soutien à la création d’entreprises numériques, ainsi qu’à l’intégration des jeunes en quête d’emploi dans le secteur numérique.
En ce qui concerne les réalisations et les progrès accomplis par le Cameroun, mentionnons-en quelques-uns :
- Le développement d’infrastructures appropriées en termes de vitesse de réseau, de connectivité, d’accès et de sécurité connaît une croissance rapide. À ce jour, notre pays dispose de près de 15 000 km de câbles à fibre optique, de 4 câbles sous-marins d’une capacité de 32 To, de boucles optiques urbaines, de deux points d’échange Internet, de plusieurs centres de données, et une couverture réseau nationale de près de 90 %.
- En termes de perspectives, l’établissement d’un programme spatial, CAMSPACE, qui vise à consolider les ambitions de notre pays dans tous les domaines de l’innovation numérique.
- S’agissant de la téléphonie mobile, ses principaux apports à l’économie camerounaise, peuvent s’apprécier en termes de contribution:
Ainsi pour l’année 2020 :
- une contribution de près de 46% du secteur de la téléphonie mobile aux recettes fiscales sur la base des chiffres d’affaires réalisés
- selon l’observatoire des télécommunications de l’ART, ce secteur a créé à ce jour environ 10 000 emplois directs et près de 20 000 emplois indirects.
Pour ce qui est de l’impact socioéconomique :
- Une pénétration mobile de 90% de la population
- Une pénétration internet estimée à 40%
- Une couverture mobile qui s’étend sur tous les départements du territoire national.
- Un coût d’internet bas comparé aux pays de la sous-région
En ce qui concerne la mesure de performance et du classement dans le domaine numérique – Le Cameroun n’est pas en reste à titre d’exemple :
L’indice de développement de l’administration électronique (EGDI) qui mesure l’utilisation des TIC par les gouvernements ainsi que la mise à disposition des utilisateurs, des facilitations et des informations sur les services publics, a une valeur de 0,44 sur une échelle de 0 à 1 dans notre pays.
Dans le domaine de la cybersécurité, le Cameroun a été classé 94ème dans le monde selon le National Cyber Security Index, 2021, qui mesure le niveau de développement de chaque pays en matière de cybersécurité. Cet indicateur montre que le niveau d’accès actuel aux TIC jouit d’un niveau de sécurité acceptable mais évidemment perfectible.
C’est dire que le poids du secteur du numérique au Cameroun est non négligeable et offre d’importantes opportunités d’investissement.
Monsieur le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat
Honorables personnalités en vos rangs, titres et grades respectifs
Distingués participants
Mesdames et Messieurs
Depuis une décennie, sous la houlette du Chef de l’État, Son Excellence M Paul BIYA, Cameroun s’est engagé dans un vaste programme de développement et de modernisation de son économie. Les différentes stratégies mises en place dans ce cadre ont pour ambition, de faire du Cameroun un pays économique prospère.
Et la transformation digitale engagée par le Gouvernement constitue un atout majeur pour les investisseurs nationaux et internationaux.
Le forum sur la gouvernance internet qui s’ouvre aujourd’hui a pour principal objectif de mettre en lumière les opportunités qu’offre internet, secteur porteur de croissance.
Et pour ce faire, les différents panels qui suivront cette session d’ouverture, sont bâtis autour des sous thématiques axées sur les grandes opportunités offertes dans le numérique : l’inclusion financière, la dynamisation du marché des capitaux, les opportunités dans les secteurs du transport, de l’éducation et de la santé.
Toutefois, la révolution numérique, gage de nombreuses opportunités d’investissement au Cameroun, n’aura tout son sens dans notre pays, que si la société dans son ensemble (particuliers, administrations, entreprises) est arrimée à la conception, l’usage, l’appropriation et la maîtrise de ces outils stratégiques.
Je me réjouis donc du choix du Cameroun par la FGI pour abriter ce forum
Je lance en même temps un appel à tous les participants, experts et milieux d’affaires, pour une réflexion productive au cours de ce forum, consacré aux opportunités d’investissement générées par le numérique, et qui néanmoins met en exergue la nécessaire mobilisation de tous les acteurs et intervenants, pour relever les différents défis liés à la digitalisation.
Vive le partenariat international
Vive l’économie numérique
Vive le Cameroun et Son Illustre Chef, le Président Paul BIYA.
Je vous remercie de votre aimable attention.
L’article Minette Libom Li Likeng : “Le Cameroun dispose de 15 000 km de câbles à fibre optique et de quatre câbles sous-marins d’une capacité de 32 To” est apparu en premier sur Digital Business Africa.