Lu sur Digital Business Africa.
[DIGITAL Business Africa] – Un visage important de l’Internet en Afrique nous a quittés, le 13 juillet 2023. Depuis lors, collègues et proches du digne fils du Burkina Faso, Pierre Ouédraogo, ne se sont toujours pas remis de sa disparition. L’ ex directeur de la Francophonie numérique laisse derrière lui un héritage riche à la postérité. Et Dawit Bekele, Regional Vice-président – Africa, Icann, a bien conscience de cette énorme perte.
« C’était un grand leader technique qui s’est engagé à s’assurer que ses connaissances et sa passion pour l’internet soient transmises aux jeunes Africains. Il s’est particulièrement intéressé à l’Afrique francophone, qui avait besoin d’un soutien plus important que le reste de la région. Plus récemment, il a créé l’École francophone de la gouvernance de l’internet, qu’il a promue avec sa passion habituelle », a-t-il témoigné.
La Camerounaise Me Balbine Manga, spécialisée sur les questions du numérique y voit une figure emblématique du numériquede la première heure.
« Pierre Ouédraogo était l’un des précurseurs et défenseurs de l’Internet et du numérique en Afrique francophone. Il a d ailleurs été Directeur de la francophonie Numérique. Je garde de lui le souvenir d’un père toujours avenant et à l’écoute. Très accessible, il a pu créer une relation spéciale avec chacun d’entre nous . La communauté internet mondiale et Africaine perd un maillon important. Nous prions pour que son âme repose en paix », a-t-elle témoigné.
La Cybersécurité, l’un des points sur lesquels « l’ homme intègre », Pierre Ouédraogo s’est appuyé également pour se faire un nom en Afrique et dans le monde. Il est fondateur et membre du bureau d’AfricaCERT, le Forum africain des Equipes de Réponse aux Incidents informatiques, qui vise à proposer des solutions aux défis de la santé Internet dans l’écosystème Internet. Ce n’est pas tout ! Pierre Ouédraogo a représenté la Francophonie dans le groupe de haut niveau de l’UIT pour l’agenda mondial de la cybersécurité. Pierre Ouédraogo était membre de l’Impact (international multilateral partnership international cyber threats) de l’UIT, mise en place de l’Afripki (réseau africain pour les infrastructures à clés publiques) pour la sécurité des transactions électroniques en collaboration avec la CEA et l’ANCE (Tunisie).
S’il y a quelqu’un qui a bien milité pour une introduction des langues africaines dans internet, c’est bien Pierre Ouédraogo. Un combar qui lui a conféré une place de membre du consortium Unicode (chargé de la codification des caractères pour leur usage dans l’informatique), initiation du réseau Afrilangues network. Sans oublier son statut de membre fondateur du MINC (Multilingual Internet Names Consortium), ou encore du Comité de pilotage du projet Unicode IDN Africa t, coorganisateur avec l’Unesco de la conférence thématique SMSI sur le multilinguisme et l’accès de tous au cyberspace à Bamako (2005).
Pierre Ouédraogo peut avoir un doux repos, sachant qu’en sus de son œuvre ci-dessus mentionnée, il était membre fondateur d’un certain nombre d’ organisations régionales africaines. Notamment, AFRINIC (African Regional Registry for IP addresses), AFTLD (African Association of country code top level domain) et AFNOG (African Network Operators Group), administrateur technique du .BF (nom de domaine national du Burkina Faso). Par ailleurs, il a contribué à la mise en place du premier registre internet local pour les adresses IP en Afrique de l’Ouest avec le RIPE NCC à l’ Onatel (Burkina Faso opérateur historique).
Des faits d’armes qui ont été salués au point de recevoir, en 2012, le John Postel Award décerné par l’internet Society ( Isoc) pour la contribution au développement de l’internet en Afrique.
Homme de terrain
Plus de trente ans de carrière font de lui un acteur incontournable des TIC et des Télécommunications. Il était Gérant du Cabinet TSI (Technologies et services pour l’innovation) à Ouagadougou (2015). Entre 2011 – 2014 c’est en tant que Consultant international Gouvernance, cybersécurité et systèmes d’information qu’il va servir son pays.
Un poste précédé par ceux de Directeur de la Francophonie numérique à l’OIF à Paris (2008 – 2010) ; Chef de la Division Achats et Services Généraux au sein de la Direction de l’administration et des Finances de l’OIF à Paris (2003 – 2008) ; Responsable de programmes Société de l’information à l’IFN (Institut de la Francophonie Numérique), qui est un organe subsidiaire de l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF) à Bordeaux puis à Paris, France (1998 – 2003) ; Responsable du Centre Serveur de l’INTIF (Institut francophone des technologies de l’information et de la formation) de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Bordeaux, France (1996 – 1998) ; Expert du gouvernement du Burkina Faso pour les stratégies des inforoutes et les instances francophones (Conférence ministérielle sectorielle de la Francophonie sur les inforoutes à Montréal en 1997 et ses réunions préparatoires) (1996 – 1998)
Pour ce qui est des projets pilotés par l’homme, l’on se souvient bien de celui relatif à l’ Internet de l’Office National des Télécommunications, Ouagadougou (Burkina Faso), chargé de la mise en place du nœud national internet et de l’introduction des technologies internet au Burkina Faso (1996 – 1998), où il fut chef du projet. Pierre Ouédraogo sera même Chef du Département des Services Informatiques de l’Office National des Télécommunications, Ouagadougou (1988 – 1992), ainsi que Adjoint au Chef du Centre National de Réparation des matériels électroniques (Office National des Télécommunications), Ouagadougou (1983 – 1987), entre autres.
Pierre Ouédraogo c’est aussi l’un des compagnons d’armes du feu Capitaine Thomas Sankara. Colonel à la retraite, il a servi à l’armée de l’air (spécialité électronique aviation). Cet ingénieur en télécommunications a occupé divers postes de responsabilités à l’Onatel et à l’Organisation internationale de la Francophonie comme directeur de la Francophonie numérique. Pierre Ouédraogo était le président du Comité international du mémorial Thomas Sankara.
Par Jean Materne Zambo
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