Louis-Paul Motaze : « Le système financier camerounais s'est transformé grâce à l'utilisation des innovations digitales »

[DIGITAL Business Africa] –  Le ministre des Finances du Cameroun, Louis-Paul Motaze, par ailleurs président du Comité national économique et financier (CNEF) du Cameroun a officiellement lancé la première édition des Journées scientifiques du CNEF sur l’économique numérique. C’était hier, jeudi 06 avril 2024, à l’hôtel Mont FEBE de Yaoundé.

Lors de cette rencontre, il a indiqué que l’un des facteurs clés de la réussite de la digitalisation du système financier camerounais est l’améliorer du cadre réglementaire. Ce qui peut libérer la concurrence entre les services financiers numériques et les autres services financiers innovants.

Cette rencontre qui s’achève ce jour est organisée par le CNEF sur le thème : « Transformations du système financier par les innovations digitales : enjeux et perspectives pour le Cameroun ». Le ministre espère que durant cette première édition des journées scientifiques, les éminents experts venus du Cameroun et d’ailleurs vont analyser en profondeur l’impact de la réglementation et les enjeux des innovations digitales dans le secteur financier, au plan international et au Cameroun.

Digital Business Africa vous propose le discours intégral du ministre à l’ouverture de cet événement.

« Madame le Ministre des Postes et Télécommunications ;

Excellence, Monsieur l’ambassadeur des États-Unis ;

Monsieur le représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD);

Madame la Représentante du Fonds d’équipement des Nations-Unis (UNCDF) ;

Messieurs les DG des Établissements de crédits ;

Distingués invités,

Je suis honoré de m’adresser à vous à l’occasion de l’ouverture de la toute première édition des journées scientifiques sur l’économie numérique du Comité National Économique et Financier (CNEF). Au cours de celle-ci, des sujets d’une grande importance pour l’avenir de notre pays seront abordés à savoir les transformations du secteur financier du Cameroun en lien avec les innovations digitales.

Permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma gratitude à l’endroit de la Coopération américaine, pour ses appuis multiformes au CNEF pour la réussite de cet événement. Je tiens également à adresser mes remerciements au Fonds des Nations Unies pour le Développement (UNCDF), pour son partenariat dans le cadre de l’organisation de ces journées scientifiques.

Nous sommes très reconnaissants de votre soutien et espérons pouvoir compter sur votre accompagnement pour la mise en œuvre des recommandations de ces travaux.

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Mesdames et Messieurs,

Le secteur financier joue un rôle crucial dans le développement économique d’une nation. Il permet de canaliser l’épargne vers l’investissement, de financer les entreprises et les ménages, et de faciliter les échanges commerciaux. Un secteur financier solide et efficient est indispensable pour une croissance économique durable et inclusive.

Au cours des deux dernières décennies, l’essor rapide des technologies digitales a considérablement contribué à la création de richesses et à l’amélioration du bien-être des populations à travers le monde.

Selon la Banque Mondiale, l’économie digitale représente déjà près de 20% du PIB mondial et devrait dépasser les 25% dans moins de 7 ans.

Cependant, cette contribution est beaucoup plus faible dans les pays en développement.

Au Cameroun, la contribution de l’économie digitale au PIB reste modeste, autour de 5%, selon le MINPOSTEL. Ce retard s’explique par des insuffisances qualitatives et quantitatives au niveau des infrastructures et du capital humain.

Bien que l’on puisse considérer que ce rythme est lent par rapport à son potentiel et à l’évolution observée dans d’autres pays, le système financier camerounais s’est progressivement transformé grâce à l’utilisation des innovations digitales, notamment des technologies de paiement.

L’une des plus inclusives est le Mobile Money qui offre la possibilité aux populations d’accéder à divers services, tels que les transferts d’argent, les paiements en ligne, les microcrédits et autres. Bien entendu, des efforts restent à faire peur le rendre plus inclusif au Cameroun.

En effet, l’un des défis majeurs dans le système financier camerounais est celui de relever significativement le niveau d’inclusion financière des populations, niveau qui reste faible dans notre pays.

Selon une étude menée conjointement par le CNEF et la Banque Mondiale, seulement 35% des adultes possèdent un compte dans une institution financière au Cameroun, contre une moyenne de 43% en Afrique Sub-saharienne.

De plus, environ 11% seulement des adultes ont accès aux services d’épargne dans des institutions financières formelles, contre 27% en Afrique Subsaharienne.

Dans ce contexte, les transformations du système financier camerounais par le biais des innovations digitales représentent une opportunité essentielle pour favoriser l’inclusion financière et promouvoir une croissance économique plus vigoureuse.

Mesdames et Messieurs,

Il y a moins d’une semaine, j’ai lancé au, nom du Cameroun, en ma qualité de président du Comité national économique et financier, la Stratégie Nationale de Développement du Secteur Financier (SNDSF) pour la période 2024-2030.

L’un des facteurs clés de la réussite de cette stratégie est d’améliorer le cadre réglementaire et libérer la concurrence entre les services financiers numériques et les autres services financiers innovants.

Cette première édition des journées scientifiques tombe donc à point nommé. Les éminents experts venant du Cameroun et d’ailleurs ici réunis vont analyser en profondeur l’impact et les enjeux des innovations digitales dans le secteur financier, au plan international et au Cameroun.

Bien que les innovations digitales présentent une opportunité pour un système financier plus inclusif, il convient également de souligner qu’elles ouvrent la voie à de nouveaux risques, qu’il convient d’identifier et de prévenir.

Sans être exhaustif et à titre d’illustration, les données sur la clientèle sont aujourd’hui une mine d’or, mais leur partage expose les clients à des risques tels que les attaques malveillantes, ou encore, le piratage des comptes bancaires et des comptes électroniques. Dans la même veine, la généralisation de l’utilisation des technologies innovantes dans le secteur financier encourage des comportements spéculatifs pouvant perturber le système financier et déboucher sur des crises.

Enfin, certaines barrières sociales, économiques et culturelles limitent l’accès et la familiarisation aux services financiers digitaux et approfondissent la fracture numérique pour certains segments de la population, notamment les femmes et le monde rural.

Je ne doute pas que la forte expertise mobilisée à l’occasion de ces journées scientifiques sur l’économie numérique permettra d’identifier ces risques de manière exhaustive, de même que les réponses à apporter par le Gouvernement au plan réglementaire et technologique.

Mesdames et Messieurs,

Ces travaux aboutiront à la production d’un projet d’« agenda pour la transition numérique du secteur monétaire camerounais, en complément du Projet d’Accélération de la Transformation Numérique au Cameroun (PATNUC) portée par le Gouvernement, à travers le Ministère des Postes et Télécommunications.

En effet, le Cameroun ne souhaite pas être à la train. En mettant l’accent sur la transition numérique du secteur monétaire national, le Gouvernement souhaite l’arrimer à l’évolution radicale de l’industrie financière mondiale.

Je souhaite que les cinq ateliers autour desquels s’articuleront ces deux journées d’échanges et de débats, contribuent à l’identification des mesures et à l’élaboration d’un plan d’actions permettant d’atteindre cet objectif.

Sur ce, je déclare ouverte la première édition des JOURNEES SCIENTIFIQUES SUR L’ECONOMIE NUMERIQUE DU COMITE NATIONAL ECONOMIQUE ET FINANCIER DU CAMEROUN.

Je vous remercie. »

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